Ils ont aidé des enfants juifs – I –
1er chapitre : Qui sont ces enfants ?

ILS ONT AIDE DES ENFANTS JUIFS
I – Qui sont ces enfants ?
Les familles juives qui habitaient le Poitou avant la guerre étaient très peu nombreuses et ne constituaient pas à proprement parler une communauté, ne se fréquentant pas. Bien que minoritaires, toutes ces familles respectent certaines traditions religieuses, se rendant à la synagogue de Tours pour le Yom Kippour et les bar mitsva. Elles parviennent à maintenir une certaine endogamie.
Enfants juifs au camp de la route de Limoges Avant les lois antisémites de Vichy, en France, il n’y a pas de recensement spécifique aux Juifs. Les juifs présents dans la Vienne, dans les années 1939- 1940, sont originaires d’autres départements, évacués comme d’autres français au moment du conflit, ou réfugiés qui ont fui devant l’avance des troupes allemandes. Le premier recensement des juifs de la Vienne date donc du 20 octobre 1940. Il répertorie 836 personnes, appartenant à une quinzaine de nationalités. Une première observation : les Français représentent 56,69 % de cette liste. Ce sont essentiellement des ressortissants de Lorraine, plus précisément du département de la Moselle.
Cette situation s’explique naturellement. En septembre 1939, un plan de l’état-major français prévoit de soustraire les populations des régions frontalières à une possible invasion allemande. 45 % de la population de la Moselle est évacuée vers les départements d’accueil de Charente, Charente-Inférieure, Vienne, Haute-Vienne, pour ne citer que ceux de notre région.
Parmi les réfugiés il n’y a pas que des juifs mais aussi de nombreux étrangers contraints de fuir l’avance allemande. Ces étrangers ont fui les persécutions nazies. La défaite française s’est transformée pour eux en véritable piège. Ils avaient préféré l’exil au joug nazi, plus particulièrement la France, pays des libertés. Le piège s’est refermé sur eux.
Le sort des enfants juifs à Châtellerault
À partir du début de 1941, plusieurs enfants juifs dont les parents ont été arrêtes et internés, sont hébergés à Châtellerault, dans des familles souvent juives. Ils étaient en général placés par le rabbin Elie Bloch, à la suite de leur libération du camp de la route de Limoges à Poitiers, autorisée jusqu’au début de 1942. Certains Châtelleraudais se proposent, mais les Allemands interdisent tout placement dans des familles non juives.
Après les rafles d’octobre 1942, il était devenu très difficile de placer les enfants car il restait de moins en moins de familles juives.
Leur parcours dévoile le déracinement extrême de tous ces enfants, transplantés de famille en famille, de centre en centre, dont le destin fragile pouvait basculer vers le pire, du jour au lendemain, au gré des marchandages avec l’occupant.
L’antisémitisme et l’exclusion se durcissent. Chacune des nouvelles ordonnances allemandes alourdit leur sort. En l’absence de ghetto comme en Pologne, ce sont les contraintes dans tous les domaines de leur vie qui les « ghettoïsent » .
A partir du 2 janvier 1941, sont crées des camps d’internement pour les seuls juifs étrangers. Désormais, la vie des juifs est rythmée par les arrestations.
Le camp de Poitiers, situé route de Limoges a été initialement crée en 1939 pour les Républicains espagnols. Il accueille depuis 1940 les Tziganes. A partir de 1941 il deviendra le Camp de concentration des Nomades et des Juifs. Tziganes et Juifs sont séparés par une haie de barbelés.
La majorité des enfants internés le sont en compagnie de leurs parents. Certains se retrouvent tout seuls. Les enfants livrés à eux-mêmes errent dans le camp à la recherche d’un complément de subsistance. L’absence de douches et de toilettes les rend vulnérables aux maladies infectieuses. Ils attrapent souvent la gale.
Ce camp est l’antichambre de la Shoah, une étape avant Drancy et les camps d’extermination.
Le nombre de personnes qui ont aidé à adoucir le calvaire de ces familles est très grand. Certains, par de petits gestes, d’autres de manière plus importante.
Certains ont réussi à sauver des vies, d’autres à améliorer leur quotidien.
Certains sont anonymes, d’autres pas. De ceux-ci, quelques uns parmi tant d’autres, suit le bref résumé de leur tâche oh ! combien humaine.
Texte rédigé par Sabine Renard-Darson
Les articles suivants concernent :
Le rabbin Elie Bloch (II)
Madame Marcelle Valensi (III)
Le père Jean Fleury (IV)
Les Justes de la Vienne (V)
BIBLIOGRAPHIE
Ont été utilisés pour la rédaction de ces articles les ouvrages et sites suivants :
Marie-Claude ALBERT : Châtellerault sous l’occupation Geste éditions / témoignages
Paul LEVY : Un camp de concentration français : Poitiers 1939-1945 Sedes : regards sur l’histoire
Paul LEVY : Élie Bloch, être juif sous l’occupation Geste éditions / histoire
Roger PICARD : Hommes et combats en Poitou 1939-1945 Martelle éditions
Abbé Jérôme de la ROULIERE : Le clergé poitevin face à la barbarie nazie
http://judaisme.sdv.fr/histoire/rabbins/jobloch/elibloch.htm
http://www.lesfeuillants.com/Vivre/site_150eme/p10.htm
http://www.yadvashem-france.org