ils ont aidé des enfants juifs – II –

Le rabbin Elie Bloch

Le Rabbin Elie Bloch

Elie Bloch , né en 1909, est juif alsacien, marié et père d’une petite Myriam. Il est rabbin à Metz lorsque débute la guerre. Les populations frontalières de l’Est sont évacuées. Celle de la Moselle sont dirigées vers le Poitou et la Charente-Inférieure. Le jeune rabbin les accompagne et s’installe à Poitiers.

Le rabbin Elie Bloch Sa tâche va être très lourde. Il est le guide des 800 juifs parmi les 54000 lorrains qui rejoignent la Vienne. L’installation est très difficile car il n’y a pas de communauté juive dans le Poitou. Tout est à organiser afin de leur permettre d’adapter leurs coutumes à cette région. Elie Bloch se démène pour édifier des lieux de prières totalement absents, trouver les hazanim, et surtout mettre en place l’abattage rituel de la viande. En raison de l’absence de shoheth, iI ne parvient, qu’au bout de plusieurs mois, à réaliser une cashrouth acceptable. Pendant ce laps de temps, les fidèles les plus pieux ont dû se contenter d’une alimentation réduite aux œufs et au poisson. En avril 1940, on peut affirmer que les Juifs évacués ont enfin trouvé les quelques éléments d’une structure communautaire, capables de les rassurer.
Il leur apporte un énorme soutien, tant sur le plan religieux, moral que matériel.
Le 22 juin 1940, les troupes allemandes pénètrent dans Poitiers. La ligne de démarcation traverse la Vienne et la Charente. Poitiers et Angoulême sont en zone occupée, où se trouve piégée la majorité de Juifs Mosellans. L’édifice élaboré à grand peine par le jeune rabbin est vite menacé.

D’abord rabbin des juifs persécutés, il devient rabbin des juifs internés puis celui des juifs déportés.
Le rabbin Elie Bloch s’est dépensé sans compter pour ravitailler les juifs du camp (à la fin de juillet 1941, on en dénombre 350 parmi lesquels de nombreux enfants) grâce à l’aide des Poitevins ( plusieurs reçurent la médaille des Justes ). Le rabbin adresse au préfet une réclamation qui dénonce l’épouvantable condition d’accueil : baraques insalubres, cohabitation avec souris et rats.
Il avait organisé des filières pour franchir la ligne de démarcation, cacher les uns, trouver de faux papiers aux autres grâce à des complicités.
Sa secrétaire, Régine Breidick, témoigne 40 ans plus tard qu’il avait obtenu la libération des enfants de moins de 15 ans. Ils avaient été placés dans une maison à Migné ou dans des familles juives. Il procurait du ravitaillement aux internés de Poitiers et expédiait des colis à ceux de Drancy. Il avait aussi des relations avec des passeurs. Régine Breidick l’assistait en rendant visite aux enfants, les emmenait chez le médecin quand c’était nécessaire et de même essayait de les vêtir.
Madame Félicia Barbanel, jeune internée qui habite encore Poitiers a souvent raconté ce qu’elle a vécu. Elle se souvient que lors de son séjour au camp, le ravitaillement était assuré par les juifs de Poitiers qui déposaient les denrées chez le rabbin. Avec une remorque, tous les vendredi, le ravitaillement était acheminé vers le camp.
Le 11 février, Elie Bloch est à son tour arrêté, avec sa fille Myriam âgée de 5 ans. Il franchit les barbelés du camp, où lui même s’est si souvent rendu pour soutenir les internés.
Le 17 décembre 1943, , Elie et sa famille sont déportés de Drancy vers Auschwitz. On les assassine dès leur arrivée.

Le rabbin, sa femme Georgette et leur fille Myriam André Schwarz-Bart, dans son roman Le dernier des Justes (prix Goncourt 1959) , n’oublie pas Elie Bloch, le protecteur des enfants juifs. Il avait été accompagné par lui lors de son transfert de la Charente vers Paris en janvier 1943. Il l’évoque sous les traits d’Ernie Levy.

Robert Schuman accompagnait les réfugiés de Moselle.

Article rédigé par Sabine Renard-Darson