Rawa-Ruska : le refus

Pour combattre la résistance des prisonniers de guerre qui s’évadaient ou sabotaient des installations servant l’effort de guerre, les nazis ouvrirent des camps de représailles où ces prisonniers étaient traités dans les pires conditions. Les plus connus sont Kobyercyn et Rawa-Ruska .

Le triangle de la mort

Raymond Morillon est fait prisonnier avec son régiment le 141ème RALH le 21 juin 1940. Il décide avec trois camarades de passer en zone non occupée. Après avoir atteint Portieux dans les Vosges, ils sont repris à Épinal, conduits à la Kommandantur et affectés au Stalag II A via Rambervillers.
Au bout de trois semaines Raymond Morillon quitte le Stalag II A pour être transféré dans un Kommando à Katlemburg ( Harz ). Il y reste jusqu’au 12 avril 1942, jour de sa deuxième tentative d’évasion. A pied, la nuit, il suit l’autostrade qui descend vers Francfort et Karlsruhe, mais il est repris en sortant d’un bois dans lequel il s’était caché. Il est conduit par la Feldgendarmerie dans une prison civile à Francfort et y reste huit jours.

Raymond Morillon est alors envoyé au Stalag 9A et purge 19 jours de cellule. Il est ensuite affecté au Stalag 9B dans une compagnie disciplinaire travaillant dans une carrière. Au bout de 15 jours il est dirigé sur le Camp de Rawa-Ruska au Kommando de Minsk-Mazcwiscki et transporte les pierres pour les travaux de la route Varsovie-Moscou. Il est traduit devant le commandant du Kommando pour tentative d’évasion et à nouveau condamné à 15 jours de cellule dans une caserne allemande.

Au bout de cinq jours il réussit à s’évader et rejoint deux camarades évadés comme lui. Des Polonais les cachent et leur fournissent des faux papiers. Ils décident alors de prendre le train en gare de Varsovie. A la frontière polono-allemande leurs papiers sont tamponnés par la Gestapo et la police des transports. Ils arrivent à Berlin et attendent neuf heures le train pour Paris. Au moment de monter dans le train un policier de la Gestapo leur demande leurs papiers. Ils sont conduits à la Kommandantur pour vérification. Après cinq jours d’attente, ils sont dirigés vers le Stalag 3B dans les baraques spéciales 7 et 8 jusqu’en janvier 1943. Il est à nouveau conduit à Rawa-Ruska, puis à Tarnopol jusqu’en avril 1943.

A Tarnopol, Raymond Morillon apprend que deux camarades doivent tenter une nuit de couper les fils de fer barbelés. Mais ils sont déjà cachés à l’intérieur du camp. Impossible de les retrouver. Il réussit cependant avec un autre camarade à faire un trou et ils profitent d’une tempête de neige pour s’évader. Avec la complicité d’habitants ils restent ainsi 17 jours en Ukraine ils passent le Dniestr hélas à quelques kilomètres de la frontière roumaine ils sont repris par un policier ukrainien.

De prison en prison, c’est le retour à Tarnopol où il est puni de trente cinq jours de cellule avant d’être envoyé au Kommando de Stryj. Avec des camarades, ils décident de creuser un souterrain malgré l’exécution de trois prisonniers qui avaient antérieurement tenté de s’évader .
Avec Stal son camarade (qui fut membre du bureau de l’UNPE) ils continuent à creuser. Mais le souterrain est découvert et des prisonniers sont dispersés. C’est ainsi qu’il est envoyé à la citadelle de Lemberg.

La citadelle de Lemberg est terriblement gardée. Néanmoins le 20 juin 1943 par la fosse des WC correspondant aux égouts il parcourt deux kilomètres en rampant dans les égouts tout en tirant son paquet de vêtements très serré afin qu’ils se mouillent le moins possible. Sortant d’une bouche d’égout il a la chance d’être recueilli par un habitant qui le cache pendant un mois aux environs de Lemberg. Avec de faux papiers il rejoint à Varsovie les amis polonais qui l’avaient aidé lors de sa troisième évasion. Il participe alors à la résistance polonaise. La résistance polonaise le fait inscrire sous un faux nom à l’Arbeitsamt puis à la Luftwaffe comme civil français. Il est inscrit, toujours sous un faux nom (Jacques Bellian) sur une liste de départ de travailleurs permissionnaires vers la France . Le 23 février 1944 avec son billet aller et retour payé par les Allemands de Varsovie il retrouve Paris et rejoint la maison de sa mère route de Chauvigny à Poitiers. Il n’utilisa jamais son billet de retour.

Raymond Morillon : Croix du combattant, Croix du combattant volontaire 39-45, Croix du combattant volontaire de la résistance, Médaille des évadés .

D’après les notes de Raymond Morillon par Louis- Charles Morillon