La SAP, Section des affaires politiques

La loi du 23 avril 1941, également appelée Loi Darlan, « portant organisation générale des services de police en France » publiée dans le Journal Officiel de l’État français du 6 mai 1941 est un texte fondamental de l’histoire de la police contemporaine. Vichy veut établir son autorité et contrôler le pays en imposant certaines réformes.

La SAP de Poitiers à l’entraînement. ADV-111W320

       

 Les polices municipales passent sous le contrôle des préfets. La police, après avoir épuré ses rangs, recrute du nouveau personnel dont l’avancement dans la carrière pourra s’effectuer en fonction des résultats obtenus dans la lutte contre les menées anti-nationales. Les policiers, comme, tous les fonctionnaires, doivent prêter serment au chef de l’État. Les structures de la police sont profondément modifiées.

En octobre 1941, Pierre Pucheu, ministre de l’Intérieur, met en place trois polices spécialisées :  le Service de police anticommuniste, (SPAC), la Police aux questions juives (PQJ) et le Service des sociétés secrètes  (SSS).

La loi du 9 décembre 1941 fait passer les trois services de police (sécurité publique, police judiciaire et renseignements généraux) sous l’autorité du préfet régional, Louis Bourgain, pour notre région[1] assisté de l’intendant de police, Jean-Marie Lemoine pour la Vienne.

Le 10 juin 1942, René Bousquet crée au sein de chaque brigade régionale de sûreté une Section de répression des affaires à origine politique (SRAJOP). Cette SRAJOP devient la SAP (Section des affaires politiques) le 21 novembre 1942.

À Poitiers, la section spéciale est créée le 17 novembre 1942[2], et renommée SAP le 4 mai 1943. Elle est composée de six inspecteurs, puis douze, atteignant même 19 hommes en mai 1944. Elle travaille en étroite collaboration avec l’Occupant, son siège est au 1bis rue de la Tranchée. Les prisonniers qu’elle arrête sont incarcérés à La Pierre Levée, la prison allemande, sans mandat, de façon totalement illégale. Ils sont régulièrement interrogés et torturés… puis libérés, déportés ou exécutés. Les survivants témoigneront des violences subies de la part de ces policiers français.

Le bilan total de son action s’élève à 465 arrestations, 200 à 300 déportations, 100 condamnations à mort (72 fusillés).

Les principaux membres en furent, de la mi 1943 à la Libération :

Commissaire : Bernard Rousselet.

Commissaire stagiaire : Jean Bazanguette.

Inspecteurs : Max Bernaras, René Bletel, Jean Breton, Alexis Caluzio, Jacques Chevalier, Jacques Claude, Paul Hersent, Edmond Mahé, Georges Marsan, Albert Moreau, Jacques de Nonancourt, Georges Pichard, Marcel Pons, Fernand Portefaix, Jean Richardet, Auguste Savin, Eugène Tellier.

On distingue les « durs », Rousselet, Bletel, Savin, Caluzio, Portefaix, Chevallier, Bazanguette et Mahé auxquels les deux voitures de la brigade sont réservées, et les « mous », les autres, qui traitent les affaires secondaires et se déplacent généralement en train.

Sources :

Augustin Jean-Marie, Les grandes affaires criminelles de Poitiers, chapitre consacré aux policiers tortionnaires de la Pierre-Levée, Geste éditions, 2005, 472 pages.

Augustin Jean-Marie, Collaboration(s) et épuration dans la Vienne 1940-1948, Geste éditions, 2014, 384 pages.

Berlière Jean Marc, Police des temps noirs, France 1939-1945, Perrin, 2018, 1353 pages.

Berlière Jean-marc, Policiers français sous l’Occupation, Tempus, 2001, 468 pages.

Bouysse Grégory, Encyclopédie de l’Ordre Nouveau, HS n°4, la SAP de Poitiers, Amazon, 2023.


[1]La région compte alors cinq départements : Vienne, Deux-Sèvres, Charente, Charente-Inférieure et Vendée.

[2]Avant cette date, la Vienne, les Deux-Sèvres et la Vendée dépendent d’Angers et les deux Charentes, de Bordeaux.

Poitiers, Hôtel de ville. Porte gauche est l’entrée de la SAP-Coll Jacques Pirondeau