M. Marcel Wiltzer

Sous-Préfet de Châtellerault en 1944, Grand Officier de la Légion d’honneur, conseiller d’Etat honoraire, l’ancien préfet de Région, MARCEL WILTZER, qui est revenu avec une constante fidélité pour chaque anniversaire de la Libération de Châtellerault, était présent pour le 50e anniversaire.

Marcel Wiltzer

En 1944 il était sous-préfet de l’arrondissement et par son action sauva le pont Henri IV et une partie de la ville de la destruction. Il s’en expliqua par une lettre aux Châtelleraudais, dans laquelle il écrivait au lendemain des événements :

« Après 48 heures d’angoisse terrible, vous avez retrouvé le calme et la confiance. Vous sentez que vous avez échappé à un effroyable sinistre, dont les conséquences n’ont peut ètre mème pas été entièrement mesurées. L’explosion de ce monument historique qui fait, à juste titre, votre fierté aurait entrainé la destruction d’une grande partie de la cité, la ruine de vos foyers avec la perte de vos biens personnels et l’arrèt pour une période de plusieurs années de la vie économique de la cité (tout le quartier commerçant de la ville y compris la Manufacture se trouvant dans la zone sinistrée). Sans doute avons nous fait dès mercredi soir, en compagnie de M. Petit adjoint au maire et de mon secrétaire en chef, les démarches qui s’imposaient, mais dont hélas, le seul résultat fut le préavis susceptible d’ètre donné à la population avant l’effroyable explosion. Il faut que vous sachiez, que si tant de malheurs ont pu ètre évités c’est que le 31 août à l’aube M. le commissaire de police m’a signalé le passage fortuit sur le boulevard Blossac, d’un officier supérieur.C’est l’étincelle dont en plus de vingt heures de lutte ininterrompue, de démarches désespérées, de course fiévreuse après une chance ultime, qui continuellement échappait, j’ai pu, non sans péril, faire jaillir la grande décision : vendredi matin 1er septembre 1944 à 5 heures, le Pont Henri et le Pont Neuf étaient sauvés, la ville avait échappé au désastre. Je m’excuse auprès des personnalités de la cité, de n’avoir pu les associer à ces démarches hormis M. le commissaire de police, dont j’ai emprunté la voiture, conduite par le brigadier chef Crocq. Un seul instant perdu, aurait compromis tout espoir. Je consignerai, dans un opuscule que, pour l’intérèt de l’Histoire locale je publierai, le cours difficile et aride de mes efforts et de mes pourparlers. Je remercie la population de ses témoignages de sympathie. Ses accents de gratitude m’encouragent pour les grandes tâches de demain. Je compte sur l’union de tous, sur votre calme, sur votre fidélité, sur votre discipline, comme vous pouvez compter entièrement sur mon dévouement. Vive Châtellerault. Vive la France ».

Rédigé par Marie-Claude Albert