La Pierre Levée à Poitiers

Pour des raisons de sécurité intérieure propre à cet établissement pénitentiaire toujours en activité à ce jour, il ne sera pas produit de plan de masse pas plus que des photographies de l’intérieur.

La prison de la Pierre Levée à Poitiers

Les registres d’écrou – définition

Ces registres répertorient l’identité des détenus, le motif et la date de leur arrestation, de leur incarcération, la condamnation et le transfert éventuel. Deux sortes de registres d’écrou sont tenus pendant la seconde guerre mondiale, par les autorités françaises et par les autorités allemandes.

Quelques exemples de motifs d’incarcération et de sanction

Si l’on trouve dans les registres d’écrou de 1940 à 1943, des arrestations pour « activités communistes, propagande, détention d’armes, destruction d’un édifice public » avec des condamnations allant de 10 ans de travaux forcés prononcés par la cour spéciale , il n’en demeure pas moins vrai que l’Occupant a, en général trouvé les sanctions trop laxistes. C’est ainsi que les nommés MASSIAS Jacques, RIECKERT, GAUTIER, les frères DELAUNAY, incarcérés le 14 août 1943 par le Tribunal d’Etat pour assassinat du chef de la Milice – le Docteur GUERIN -furent, sur ordre de l’Autorité allemande, transférés à Fresnes le 31 août 1943, condamnés à mort et fusillés au Mont Valérien.

Le poids des juridictions allemandes

A partir de l’été 1942, les tribunaux allemands prirent le pas sur la justice française. A Poitiers, le tribunal militaire allemand 677 fut chargé de juger toutes les affaires qui portaient atteinte à l’autorité de l’Occupant dans le département de la Vienne, voire même dans les Deux-Sèvres. Au milieu de l’année 1942, cette juridiction fut « coiffée » par la Sicherheits dreist Polizei, organisme SS chargé de la sécurité de la Wehrmacht, dont le siège était installé 13 rue des Ecossais à Poitiers et une antenne à Châtellerault, jumelé avec la Gestapo.

La prison, point de départ vers les camps et les pelotons d’exécution

A partir du 10 septembre 1942, certains condamnés de droit commun par la justice française furent transférés au camp de la route de Limoges, libérant ainsi une partie de la prison qui passe aux mains de la police allemande. Désormais, elle devint le lieu de départ des résistants poitevins vers les camps de concentration, d’extermination, mais aussi pour le peloton d’exécution de la << Butte de Biard >>. 128 résistants furent fusillés à Biard sur les 190 recensés. Ce sont les hommes du SIPO-SD qui procédèrent aux internements, interrogations comme aux brutalités et tortures dans les caves de la prison. C’est ainsi que passèrent dans ces lieux tous les membres du réseau « Louis Renard » ( plus de cent arrestations, une trentaine de déportés dont dix sont condamnés à mort le 13 octobre 1943).

Suivi d’un groupe de détenus résistants recensés dans les registres d’écrou

Il s’agit de 24 membres du groupe OS-680 de Thouars et sa région (79), arrêtés le 24 novembre 1941, et condamnés par un Tribunal militaire allemand à Poitiers. Quinze personnes de Thouars ont alors comparu comme prévenues d’activité communiste, de détention d’armes et munitions, de poudre de guerre, de distribution et tentative de destruction par explosion d’un édifice public. Parmi ces condamnés :
9 ont 25 ans et moins
6 sont des femmes majoritairement ouvriers (tourneurs, rectifieurs…) et employés. Les débats ont duré 3 jours ; le verdict a été prononcé le mardi 21 juillet 1942. Les peines sont les suivantes :
5 acquittements
5 condamnés entre 1 et 2 ans de prison
5 condamnés entre 5 et 10 ans de prison Mais la Feldkommandantur 677 (siège à Poitiers), ne trouvant pas les peines prononcées par la section spéciale de la Cour de Justice assez fortes, reprit l’affaire avec la Gestapo. Le tribunal de guerre allemand rendit son jugement à huit clos les 18, 19, 20, 21, 22, 23 et 24 novembre 1942. Le procureur général demanda 14 condamnations à mort. Le verdict fut le suivant pour l’ensemble du groupe (24 personnes) :
8 condamnées à mort qui seront fusillées à Biard le 3 décembre 1942
1 condamnée à mort qui sera fusillée le 13 décembre 1943 à Angers
3 condamnées à mort, grâciées, déportées en Allemagne.
1 condamnée à 5 ans de réclusion, déportée
2 condamnées à 1 an de prison , déportées
1 condamnée à 6 mois de prison
5 acquittées faute de preuve, déportées en Allemagne
3 acquittées et libérées le 23 décembre 1942. Ainsi, les registres d’écrou permettent de retracer quelques itinéraires de détenus, et d’analyser la sévérité des peines, notamment pour réprimer les activités communistes.

          Rédigé par l’équipe VRID