La Butte de Biard

La Butte de Biard, monticule de terre couvert de genêts était connue par des générations de soldats ayant effectué des manœuvres sur le champ de tir avant 1939. Rien alors ne semblait la prédestiner aux évènements tragiques qui s’y dérouleraient à partir du 7 mars 1942.

La Butte de Biard, lieu des exécutions

Les fusillés de la Butte de Biard

Le 1er mars 1942, une sentinelle allemande est exécutée rue de Tanger à Paris. Le commandant du « Gross Paris » décrète en représaille l’exécution de 40 otages. 3 sont pris au camp de Rouillé (camp d’internement de la Vienne).
Au total, 128 patriotes, en majorité communistes, ont été fusillés à la Butte de Biard du 7 mars 1942 au 4 juillet 1944.

La butte de Biard, reliée seulement par une route étroite partant du bourg de Biard avait été choisie par les autorités allemandes à cause de son isolement. Les nazis prenaient soin d’éloigner les témoins oculaires (bergers ou laboureurs occupés dans les terres voisines). Cependant plusieurs d’entre eux ont assisté au passage des convois allemands conduisant les condamnés à leur supplice. Madame Fauque dont la ferme longeait la route du champ de tir se souvient de ces jeunes la saluant de la main certains chantant des hymnes patriotiques. Madame Le Goarant, fille de l’ancien gardien de l’aérodrome, déclare avoir une fois vu deux camions débâchés tansportant des condamnés silencieux les mains liées derrière le dos.

Mademoiselle Boulin et monsieur Fraudeau ont constaté à plusieurs reprises que les jeunes étaient conduits en camions à la butte, assis sur des cercueils.
Madame Paulette Nérisson qui travaillait avec ses parents dans une ferme à proximité du champ de tir gardait son troupeau en juillet 1944 dans un pré attenant à la butte. Un convoi de prisonniers arrivait au moment où un avion anglais survolait le secteur. Les Allemands donnèrent aussitôt l’ordre de dispersion, intimant à mademoiselle Nérisson l’ordre de ne pas bouger. Elle vit les condamnés attachés deux à deux séparés en trois groupes de six. L’avion s’éloigna sans être intervenu. Les trois groupes de condamnés furent alors conduits hors de sa vue et fusillés. Les camions portant les cercueils partirent ensuite dans la direction de Quincay.

Après chaque exécution, les inhumations avaient lieu dans des cimetières de communes autour de Poitiers. Les maires des communes concernées recevaient l’ordre de faire creuser des tombes. Madame Tardy confirme que son mari avait été plusieurs fois réquisitionné par les Allemands pour creuser des tombes. Les suppliciés ont été retrouvés notamment dans les cimetières de St Benoît, Buxerolles, Fontaine le Comte, Mignaloux Beauvoir, Sêvres-Anxaumont. Depuis la fin de la guerre, nombreuses sont les familles qui ont pu ramener dans leur commune d’origine les dépouilles mortelles de ces patriotes tombés à la butte de Biard. Seuls reposent à Biard, Abel Pingault, Georges André et Roger Halopé.

La butte de Biard a été rasée en 1948 en raison de son incompatibilité avec la navigation aérienne toute proche.

Le monument des fusillés a été érigé en 1948. Le 24 juillet 1948, le général De Gaulle est venu rendre un hommage solennel aux résistants tombés à Biard. Depuis, chaque année au cours de la journée de la déportation, les autorités civiles et militaires ainsi que les associations de déportés et d’anciens combattants de la résistance perpétuent cet hommage en se recueillant au monument des fusillés.

Article de Louis-Charles Morillon d’après les documents confiés par Madame Nérisson.