Général Roger Félix Chêne (ex. Colonel Bernard)

Le général Roger Félix Chêne, dont une rue de Poitiers portera désormais le nom, est né le 9 novembre 1902 à Montpellier. Sorti sous-lieutenant de l’Ecole de Saint-Maixent, il fut affecté aux Chasseurs Alpins, puis servit au Liban et en Syrie. Rapatrié après l’armistice de 1940, il essaya de rejoindre la France Libre à différentes reprises.
Sa dernière tentative, celle de s’envoler pour Alger en compagnie d’un officier aviateur, lui valut d’être arrêté à Nîmes le 11 novembre 1942. Emprisonné puis
mis aux arrêts, il fut rayé des cadres de l’armée où il servait comme capitaine.

Général Roger Félix Chêne (Colonel Bernard)

Il obtint alors un emploi d’inspecteur des oléagineux à Montmorillon, ce qui lui sera fort utile ultérieurement dans son activité de résistance, car il aura la possibilité d’effectuer des déplacements, sans éveiller de soupçons. En avril 1943, le colonel Taguet, chef régional adjoint de l’armée secrète, lui confia le commandement de la Vienne Sud. Il prit alors le pseudonyme de « CYCLAMEN » et fut subordonné au lieutenant Petit « Lilas », chef local des M.U.R. (Mouvements Unis de Résistance). Il lui succéda ensuite dans cette fonction en septembre 1943.
Il fit preuve des qualités que ce poste nécessitait : une impassibilité apparente cachant une grande sensibilité, une vive intelligence,et de la fermeté alliée à la souplesse. Quelques semaines avant le débarquement,
– et ce fut capital pour l’avenir du maquis -, il conclut un accord avec l’autre mouvance de la résistance, le Front national. Ainsi plus tard, l’A.S. (Armée Secrète) des M.U.R. et les F.T.P. (Francs Tireurs Partisans) du F.N. furent réunis comme F.F.I. (Force Française de l’Intérieur). Le danger se précisait alors dans la Vienne Sud : Début juin 1944, la Gestapo avait arrêté le secrétaire général de la Sous-Préfecture de Montmorillon, faisant office de Préfecture pour la Vienne-Sud, M. Villeneuve, membre du N.A.P. (Noyautage des Administrations Publiques). Absent de son domicile, « CYCLAMEN » échappa de peu lui-même à une arrestation, le 3 juin 1944.

Le lendemain du débarquement, soit le 7 juin 1944, il fut reconnu par l’A.S et les F.T.P. de la Vienne comme chef des F.F.I. puis par le colonel Rivier, chef F.F.I. de la région 5, et le colonel Chasseigne « Ellipse »Ó, D.M.R. 5. « CYCLAMEN » devint alors commandant puis COLONEL BERNARD.Sa sagesse et sa prudence lui firent
éviter les actions intempestives et prématurées comme à Tulle par exemple, préservant la Vienne d’inutiles bains de sang. Le 5 septembre 1944, lors de la libération de Poitiers, il commandait 8.600 hommes (6.200 A.S. et 2.400 F.T.P.).

Le 10 septembre 1944, le colonel Bernard fut nommé par le général Koenig au commandement de la région B2. Il repoussa avec ses troupes, les Allemands de la région de Pornic. A la constitution de la 9e Région Militaire, le commandement lui en fut confié. Le 1er novembre 1944, il fut nommé par le général De Larminat, au commandement
des Forces Françaises de l’Aunis, secteur de La Rochelle, fonction qu’il occupa jusqu’à la libération de cette ville.

Après la guerre, il poursuivit sa carrière militaire au Maroc, en Tunisie et en Algérie jusqu’en 1957. Puis il suivit les cours de l’Ecole de Guerre et sortit Major de la promotion. Il reçut les étoiles de Général à Nancy lors de son affectation au commandement de la subdivision de cette ville. Le général Chêne prit sa retraite à Aix-en-Provence où il mourut le 2 août 1991. Il était Commandeur de la Légion d’Honneur, mais il voulut que seule la Médaille de la Résistance soit placée sur son cercueil.

Rédigé par l’équipe VRID