Colonel Charles Dubois – Commandant « Christian » dans la Résistance

Texte de l’allocution prononcée lors des obsèques en Isère du Colonel Charles DUBOIS(commandant « Christian » dans la Résistance), par Pierre FUGAIN, Président d’honneur de l’ANACR de l’Isère.

Commandant « Christian » lors d’une cérémonie à Vaugeton

Allocution de Mr Pierre Fugain

Jeudi 11 janvier 2007

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Si l’on devait proposer une figure emblématique du résistant, nous ne pourrions trouver mieux que Charles DUBOIS, notre « Christian ».

A la différence de la plupart des officiers supérieurs drapés dans leur dignité, Christian était modeste et très effacé. Échappant aux penchants de son métier jusqu’à s’exposer, il était fidèle à la Résistance telle qu’elle fut. Il a sans cesse, et quelles que soient les circonstances, continué au risque de freiner sa carrière, à valoriser dans la continuité de son passé la cause de la liberté et de la démocratie.

En fait, il est resté jusqu’à sa mort l’homme qu’il était à vingt ans. A 85 ans il avait gardé l’enthousiasme et les élans du gamin qu’il était à la tête de ses Francs-Tireurs et Partisans de la Vienne, tel un des généraux imberbes, chantés par Victor Hugo, à la tête de ses sans-culottes.

En 1945, à 22 ans, le voilà haut gradé et fait chevalier de la Légion d’Honneur par le Général de Gaulle : « Je devais être, disait-il récemment, lors d’un interview, parmi les 4 ou 5 plus jeunes décorés… ». Outre passant non sans difficulté une évidente discrimination envers l’ancien FTP, il se lança comme de nombreux camarades dans une carrière militaire à laquelle, sans la Résistance, il n’aurait pas pensé.

Au Maroc, en Indochine et en Algérie il fit son devoir sans y perdre son âme. Il en est revenu très marqué et décidé à militer dorénavant à la tête de la FOOR à laquelle il était très attaché, pour que l’armée dont il avait fait sa seconde famille soit républicaine et au service d’une France telle que nous l’avions rêvée, phare montrant au monde la voie de la liberté.

Et puis là s’arrête l’odyssée. Nous tombons sans l’espoir maintenant qu’un ami sorte de l’ombre à notre place. La disparition de l’un de nous est un peu celle de nous tous.

Après l’ultime adieu les faits d’armes se fondront anonymes et plus ou moins authentiques dans les grimoires des musées, les livres d’histoire ou la légende. Des disparus il ne nous restera que des souvenirs évanescents. De Christian nous garderons son sourire chaleureux et franc d’homme bon et d’ami précieux plein de contradictions finalement émouvantes chez si grand personnage : solide comme un roc et fragile, rigoureux et brouillon, convaincu et perplexe, strict comme un chef de guerre et rêveur comme un poète… Et puis à notre tour la morphine, peut-être, nous aidera à rejoindre l’Histoire. Alors ne survivront que nos idées, elles impérissables.

Au nom de la Résistance je présente à Monique, que j’embrasse très affectueusement, à ses enfants et petits enfants, nos condoléances les plus cordiales et les plus fraternelles.

Pierre FUGAIN – Président d’honneur de l’ANACR de l’Isère