Témoignage d’un maquisard

Le 25 Août 1944, la Libération de Chauvigny a été précédée, comme dans de nombreux cas, de prise d’otages et de la destruction du pont. Mais le pire a été évité grâce à l’intervention du maire, Jacques TOULAT.

La ville aurait pu vivre un massacre comme à Ouradour-sur-Glane. Chauvigny se trouvait en effet au centre d’une zone de maquis : les groupes JACQUES, BAPTISTE, PINARD, ROLLAND, LE CHOUAN …

Un maquisard témoigne :

Maurice PHILIPPON , originaire de Saint Martin, était un maquisard de la section « Gaël », sous les ordres de Victor BROUAND, du groupe « Jacques ».

LE JEUDI 24 AOUT 1944 : UNE REPETITION GENERALE

« Le Jeudi 24 août 1944, notre groupe a pris position derrrière le mur, à l’endroit même où se tient aujourd’hui le monument Souvenir et Paix. Visiblement l’ennemi cherchait à établir une tête de pont à Chauvigny. Nousétions en position aux carrières de » La Goumoizière », à Saint-Martin, et nous avons reçu dans la matinée l’ordre d’aller à Chauvigny. Au bas de la côte de « Massard », nous avons été emmenés par le laitier ».
Après un périple à pied dans les rues de la ville, le groupe prend position au pont : « Des membres du groupe Baptiste gardaient déjà ce passage obligé. Mais, quelques heures après, nous avons reçu un ordre de repli derrière la ville, donné par  » Le Chouan ».Sous la pluie, les groupes prenaient position autour de la ville. Nous nous sommes installés dans les bois de « La Talbatière » pour surveiller la route. Le doigt sur la détente et l’eau à la peau, nous avons attendu jusqu’à la nuit… » Une sortie pour rien, mais une répétition générale pour le lendemain.

LE VENDREDI 25 AOUT 1944 : LE PONT SAUTE A 16H30

 » Le Vendredi 25 Août, l’alerte qu’une colonne allemande forte de 800 hommes se dirigeait sur Chauvigny a été donnée en début d’après-midi. Nous savions que nous, maquisards, ne pourrions pas tenir très longtemps, mais l’important était de retarder le repli ennnemi. A 16 h, notre groupe fut mis en état d’alerte et nous étions en liaison constante avec les groupes Pinard et Rolland. Nous savions que le pont allait sauter et la détonation déchira l’air à 16 h 30. C’est bien plus tard que nous avons appris que cette opération avait coûté la vie au chef de groupe Baptiste, le capitaine Pierre BLANCHIER… »

Les maquisards résistent par tous les moyens : toutes les barques de pêcheurs sont mises hors d’usage, la voie de chemin de fer est étroitement surveillée. C’est à l’issue d’une fusillade qui débute à 19h, que la ville est libérée

Source : Propos recueillis par Xavier BENOIT pour la Nouvelle République- article du 26 Août 2002.