Les débuts de la Résistance dans le Civraisien

Trois organisations se sont succédées avant d’aboutir à la constitution d’un maquis. Ce sont ces trois étapes que nous allons voir dans cet article.

Première organisation :

A Civray, la première organisation a été créée en liaison avec Maître Renard de Poitiers. Il est délégué de la « France combattante » et a pour mission d’organiser la délivrance du département.

Le responsable local est Pierre PESTUREAU, huissier, qui rassemble autour de lui en mai 1942, Norbert PORTEJOIE, Maurice GRILLAS, MULTON , Edmond BERNARD. Le groupe de Civray est chargé de délivrer l’arrondissement. L’organisation ne songe pas encore à la formation de maquis mais envisage la participation de certaines personnes. L’équipe pense notamment à René BAILLARGEON, Georges BONNEAU, Marcel PROVOST et Albert SUIRE. Mais Maître Renard est arrêté ainsi que la plupart des membres et le réseau est démantelé.

A Civray, Maurice GRILLAS et Norbert PORTEJOIE sont arrêtés le 30 septembre 1942.Déportés, ils reviennent le 9 juin 1945. Pierre PESTUREAU est arrêté le 2 décembre 1942 et décapité en déportation en décembre 1943.

Pendant quelques mois, les actions se limitent à des faits individuels, à des aides aux réfractaires et au passage de la ligne de démarcation aux environs de Mauprévoir .

Deuxième organisation :

Un deuxième groupe de résistance naît en mars 1943 de la rencontre entre Georges BONNEAU et le capitaine MUSSO, employé au service forestier de Poitiers. BONNEAU est chargé de constituer un groupe qui recevra des parachutages d’armes pour la constitution de maquis. Au fur et à mesure, il s’entoure d’hommes dont le patriotisme ne fait aucun doute : René BAILLARGEON, Marcel BOURDET, Albert SUIRE, Gaston BOURDIN, Henri SAVIGNAT et Roger DUPRE.

Après avoir été avisés par un message de Londres : » Les dieux ont soif », ces sept hommes ont réceptionné le premier parachutage d’armes dans le bois de Bernesac à Charroux pendant la deuxième quinzaine de juillet 1943. 8 containers de 60 mitraillettes, des révolvers, des cartouches, des grenades, des explosifs et des pansements ont été lâchés. L’ensemble est d’abord caché sur place puis emmené à la ferme de Marcel PROVOST à Landraudière à Saint-Gaudent.

Pour préparer le formation des maquis, il fallait aussi des hommes qualifiés pour prendre le commandement des maquis. Le directeur d’usine et lieutenant de réserve de Génie, Roger BONNET, est contacté ainsi que P. GALLOT, architecte et capitaine de réserve de Génie. Ils acceptent tous les 2 mais P. GALLOT ne peut jouer son rôle par la suite.

Malheureusement, le capitaine MUSSO est arrêté et le 14 août 1943, la Gestapo vient chercher à Civray Georges BONNEAU et René BAILLARGEON. Le 15 août, ce dernier décède vraisemblablement sous la torture pendant les interrogatoires. Après ces arrestations, la résistance civraisienne est de nouveau en mauvaise posture. Le 17 août, Marcel PROVOST est arrêté à sa ferme et les Allemands réussissent à trouver l’ensemble du parachutage. Il meurt en déportation le 14 février 1945. Les autres membres prennent la fuite mais les femmes des fugitifs : Mmes BOURDET, BOURDIN, DUPRE, SAVIGNAT et SUIRE sont arrêtées le 21 août à leur domicile. Elles sont transférées au camp de la route de Limoges de Poitiers d’où elles ne sont libérées que le 9 décembre 1943. Le fils BOURDIN, René, âgé de 20 ans est arrêté lui aussi le 15 août 1943 et interné à la Pierre Levée pendant quelques semaines.

Troisième organisation :

Ce deuxième démantèlement est tout de suite repris en main par Georges GAUCHER. Ayant appris qu’un deuxième parachutage a eu lieu avant les arrestations, il part à la recherche des containers. Gaston HERAULT et Louis VALETTE l’accompagnent. Au bout de 2 jours, ils trouvent 75 containers, cachés à la hâte dans une partie du bois de Bernesac. Ils les camouflent dans les fourrés en attendant de les transporter.

Roger BONNET prend la tête de l’organisation du groupe civraisien. Il est secondé par Georges GAUCHER ainsi que par 10 chefs de sizaines- groupes de 6 personnes. Chaque chef détient des armes pour son groupe et recrute les hommes nécessaires pour le constituer. Cependant, les chefs et les divers membres ne se connaissent pas entre eux. Selon les ordres de la Résistance de Vienne-Sud (capitaine BLONDEL), tout doit être prêt pour le 15 février.

L’équipe de Civray est en mesure de constituer son maquis et d’apporter sa contribution au débarquement allié. Le groupe a reçu plusieurs donations financières de particuliers qui ont permis de subvenir aux premiers besoins. Il a bénéficié d’une collaboration efficace des téléphonistes de la poste de Civray qui, par leurs écoutes, ont recueilli des informations et les ont transmises.

Texte de Jacques Rigaud