Français Libres : un engagement authentique

Cet article met en évidence les motivations de celles et ceux ( civils et militaires)- souvent jeunes- qui ont rejoint le Général de Gaulle pour s’engager dans les forces de la France Libre depuis le 18 juin 1940, dans les airs, sur terre et sur mer.

Ce serait un manquement au devoir de mémoire que d’oublier celles et ceux qui le 18 juin 1940 se sont battus sur tous les fronts, avec un drapeau tricolore orné de la Croix de lorraine. Le rôle de ceux qui ont rejoint le général de Gaulle pour se battre à ses côtés dans les airs, sur terre et sur mer, a permis à notre pays d’être présent le jour de la victoire.

En déclarantque « la famme de la Résistance ne s’éteindrait jamais », le Général de Gaulle parlait de toutes les formes de Résistance à l’ennemi. Ceux qui l’ont rejoint pour s’engager dans la France Libre, ont été les premiers à manifester cette volonté de refuser la défaite. Les aviateurs dans le ciel de Londres engagés dans la bataille d’Angleterre, les marins morts en mer ou les héros de Bir-Hakeim étaient d’authentiques résistants qui, une fois la victoire acquise, ne bénéficiant pas du titre de Résistant, ont de fait, disparu de ce qui était légué aux générations nouvelles au titre de la mémoire. On a oublié que, si le Général de Gaulle a pu prétendre que la France siège à la table des vainqueurs, c’est uniquement parce qu’il pouvait arguer du fait que « la France n’avait jamais quitté le combat ». Cela avait été le cas avec les aviateurs, les marins, les hommes de Koenig et Leclerc, car le combat clandestin n’est venu que plus tard appuyer de façon effective celui des hommes en uniforme de la France Libre ».

Compagnon de la Libération, Nicolas WYROUBOFF, ancien de BM 11 et de la Légion, Commandant de la Légion d’ Honneur, analyse les raisons de l’engagement en 1940 d’un petit nombre de volontaires dans les Forces Françaises Libres.  » Je ne crois pas, écrit- il, que l’on puisse considérer les motivations de ces volontaires comme l’élément déterminant de leur engagement. C’est surtout le tempérament des volontaires, leur résolution, leur ferveur, leur disponibilité d’âme, leur « culot » à prendre le risque envers et contre toutes probabilités, à sortir du chemin de leur vie en se portant vers des engagements difficiles pour la défense d’une cause librement choisie, qui leur ont permis d’être plus prompts à relever le défi. Ils ont pris conscience que le sort du pays dépendait de l’issue de la guerre et que, malgré Mers-El- Kébir, il fallait dépasser les rancoeurs et se mettre aux ordres du Général de Gaulle, aux côtés des Anglais qui continuait à se battre.

« L’engagement n’était pas une décision prise sur un coup de tête, ni après réflexion, mais par conviction et sentiment intime qu’après la défaite on ne pouvait rester là sans réagir, qu’on ne pouvait pas s’en remettre à autrui pour s’en sortir », qu’il fallait se « jeter à l’eau ». C’était un acte de courage moral, un acte de foi, comme celui du lieutenant de vaisseau LAPORTE DES VEAUX, un Poitevin qui, aux lendemain de Mers-El-Kébir, bien que blessé, exhortait ses frères d’armes à poursuivre le combat aux côtés des Alliés. Chacun a une perception de la Patrie qui lui est propre et les rapports en sont mystérieux et il est peu explicite de parler de patriotisme sans autre précision.

Rappelons les circonstances dans lesquelles les engagements sont intervenus. A la fin de juillet 1940, le général de Gaulle pouvait disposer de 7000 hommes qui l’avaient rejoint le 8 juillet ; 200 aviateurs étaient déjà arrivés de France et d’Afrique du Nord. A la fin de 1940, 25 000 hommes portaient l’uniforme à la Croix de Lorraine. La Résistance Intérieure était balbutiante, en partie à l’instigation des hommes envoyés par le Chef de la France Libre. Le 19 juin 1940 à Londres, le Général de Gaulle avait déclaré :  » Tout Français qui porte les armes a le devoir absolu de continuer la Résistance ». Le 29 novembre 1940 à Radio-Londres :  » Nous-mêmes, les Français Libres, nous avons le glorieux devoir et la suprême dignité d’être l’âme de la résistance Nationale. »

En 1940, au moment du départ pour Dakar, les Forces Françaises Libres se montent au nombre de 2000, dont 1000 Légionnaires venus sous le contrôle de leur colonel . Il y avait à cette époque quelaues 1000 engements individuels. En même temps, il y avait alors en Angleterre 100.000 soldtas français embarqués à Dunkerque ou venus de Norvège, qui avaient choisi de rentrer en France. Le nombre de volontaires FFL est donc si insignifiant qu’il paraît difficile de tirer de leur engagement un enseignement par catégories sociologiques : tous étaient des exceptions à la règle de leur milieu. A ceux-là s’applique les propos de Stephan Zweig :  » C’est une loi immuable de l’Histoire, que dans les époques de profonds bouleversements, surtout au cours d’une guerre ou d’une révolution, l’audace et la témérité sont souvent plus efficaces dans le présent immédiat que la valeur intrinsèque, et qu’un bouillant courage civique peut être plus décisif que le caractère et la constance. Toujours quand les évènements se précipitent, les natures qui savent se jeter à l’eau sans hésiter ont l’avantage sur les autres ». C’était en tous les cas l’état d’esprit des FFL, fiers ed leur petit nombre.

L’action du Général de Gaulle s’inscrit dans le refus de l’armistice et de la politique de collaboration de Vichy. Prenant la défense des intérêts de l’Etat il poursuivit la guerre quitte à affronter les troupes françaises pour arriver à ses fins, comme ce fut le cas à Dakar, au Gabon, enSyrie. A Dakar, au moment du débarquement du 20 septembre 1940, le Chef de la france Libre, embarqué sur le Westerland, déclare à ses troupes :

 » Vous êtes la France, son sort est entre vos mains. Aussi ceux qui se mettraient en travers de votre route, quels qu’ils pourraient être, se mettraient en travers de la route de la France ».

Les F.F.L n’incarnaient pas un phénomène exclusivement militaire, mais un rassemblement d’hommes refusant de subir la défaite, qui prirent les armes poucr chasser l’Occupant. C’était pour eux une croisade d’honneur. Combattant au service d’une cause, unis par la camaraderie, la responsabilité personnelle dans l’engagement donnait à chacun conscience de son devoir. Des liens particuliers entre les volontaires de tous grades, se créaient, tenant lieu de l’esprit militaire traditionnel fondé sur la discipline et l’obéissance. Nous accomplissons un devoir que nous nous étions nous-mêmes librement imposé. Ni appelés, ni mobilisés, sans comptes à rendre à nul autre qu’ à eux-mêmes, unis par l’esprit « Free French ».

Ainsi, les FFL portent témoigange devant l’histoire, qu’en poursuivant le combat dès 1940, ils attestent de la présence française dans la guerre que l’armistice avait interrompue, contribuant à assurer la place de la France avec les vainqueurs.