Obsèques de Pierre Quintard (Alias Pierrot) – Aslonnes 18 décembre 2006

Hommage de Monsieur André HOUISSE, Président de la Vienne de l’Association Nationale des Médaillés de la Résistance Française.

Pierre Quintard (coll. Comité d’histoire)

Président de l’Association des Médaillés de la Résistance Française, parlant aussi au nom de la Société Nationale des Médaillés Militaires, ici représentée par Monsieur Christian MARCADEUX accompagné d’une délégation avec drapeau, mais aussi d’une autre représentant la Société d’Entraide de la Légion d’Honneur, ainsi que nos amis de VRID(Vienne Résistance Internement Déportation), représentée par son Président Jean AMAND, accompagné de deux membres fondateurs avec Pierre QUINTARD : Messieurs Roland BARRAT et Jacques RIGAUD.

Comme l’a rappelé notre ami Robert DECARPENTRIE, secrétaire général de l’ANACR, Pierre n’était pas un bavard, et, à aucun moment il n’a cherché à se mettre en vedette concernant son passé dans la Résistance, la vraie. Il a toujours su respecter les principes qui nous unissent, c’est-à-dire respecter les autres, en excluant toutes discussions politiques, religieuses ou philosophiques, comme l’ont toujours prescrit nos statuts respectifs dans un seul but : resserrer les liens de solidarité et de camaraderie, lesquels doivent unir tous les anciens combattants et en particulier ceux issus de la Résistance.

A travers ses décorations dont j’ai eu à connaître, je citerai la Croix de Guerre 39/45, trois citations dont l’une avec « palme », et ce à l’âge de 19 ans, celle-ci confortée par l’obtention de la Médaille de la Résistance, par Décret du 06-04-1944(J.O. du 17-05-1946), au lieu de la Médaille Militaire à laquelle il aurait pu prétendre, pour la simple raison que le Général de Gaulle ne pouvait à cette époque promouvoir dans les Ordres Nationaux, du fait qu’il n’était pas chef de l’Etat.

Cette médaille militaire lui sera concédée en 1949, de même que la Légion d’Honneur en 2001, et ce, sur proposition de notre association. Reconnaissez comme moi que cette dernière arrivait un peu tard…Mais mieux vaut tard que jamais.

Robert DECARPENTRIE vous a cerné son activité dès 1941, dans POITIERS et le département de la VIENNE, puis sa disparition fortuite due certainement à des problèmes que vous comprendrez. Il aurait, parait-il, fui pour rejoindre le « CORPS FRANC POMMIES » dans le GERS.

Pierre Quintard, à gauche Aurélien Pairault, à droite de la photo Jacques Rigaud

Pour votre information, vous qui êtes avides de connaître ce qu’a été la Résistance dans le Sud-Ouest de la FRANCE, sachez que le dit « CORPS FRANC » a été une des formations les plus actives pour lutter contre ceux qui nous occupaient.

Qui était POMMIES ?
Un officier d’active, servant en 1942 dans l’Armée d’Armistice, chargé à l’Etat- Major de la région de TOULOUSE de la mobilisation clandestine. Entre le 8 novembre 1942, date du débarquement « Alliés » du MAROC et la fin novembre, il a réussi à soustraire aux allemands un nombre important de stocks d’armes, munitions et matériels militaires. Ce qui lui a permis d’armer, avec des moyens français, plusieurs bataillons répartis sur 8 départements de la Région R VI, à partir de 6000 volontaires rassemblés en unités opérationnelles, prêtes à combattre.

Il faut noter que cette force de manœuvre n’a appartenu à aucun groupement de Résistance, que ce soit l’O.R.A., l’A.S., les F.T.P. pour la simple raison qu’elle ne recevait des ordres que de LONDRES(Général KOENIG), pour des missions définies par le Haut Commandement.

C’est ainsi que le Corps Franc POMMIES a eu à son actif :

En mars 1944 : la destruction de la fonderie (cuivre et zinc) de MONTBARBIER près de

MONTAUBAN.
la destruction des installations pétrolières de la compagnie de raffinage

près de TOULOUSE.

En avril 1944 : la mise hors service de l’usine HISPANO-SUIZA près de TARBES.

En mai 1944 : la destruction des outillages pour la fabrication des canons à l’Arsenal de

TARBES.

Autant de pertes infligées au potentiel allemand, et ce, en faisant l’économie des dévastations souvent produites sur l’environnement et la population par les bombardements aériens.

En juin 1944, pour éviter que les troupes allemandes du Sud de la France passent en Espagne, le Corps Franc a reçu comme mission d’occuper tous les points de passage des Pyrénées, repoussant ainsi la 63ème division à remonter vers le Nord.

Au 15 août 1944, jour du débarquement en Méditerranée, il reçoit l’ordre d’avoir à s’insérer entre les deux axes de retraite des troupes allemandes se dirigeant les unes à droite vers l’Est et l’autre remontant à l’Ouest pour gagner la région des Vosges.

Le 9 septembre1944, POMMIES entre à AUTUN avec les éléments avancés de la 1ère D.F.L.(Fusillés Marins et Légionnaires).

Rattaché à la 1ère Armée du Général DE LATTRE, POMMIES perd son titre de Corps Franc pour prendre nom du 49ème Régiment d’Infanterie, alors qu’il a perdu 210 tués et 50% des effectifs restants qui ne souhaitaient pas signer un engagement. Ce fut certainement le cas de Pierre QUINTARD !!!

Voilà mes chers amis, mes chers camarades, ce qui n’a été qu’un simple aperçu du silence de PIERRE.

Mon cher PIERRE, tu vas nous quitter pour l’éternité ; saches que ton comportement contre l’Allemagne nazie et ton combat contre la maladie nous ont marqués, les uns et les autres, à tout jamais, et que nous ne pourrons pas t’oublier pour ce que tu as fait pour la France et reconquérir notre Liberté.

Adieu PIERRE, adieu PIERROT, mon frère de l’ombre.

André HOUISSE