Concours de la Résistance et de la Déportation 2009 – Premier prix ex aequo catégorie collèges, département de la Vienne

Première partie : Questions sur les documents : pour répondre aux questions, vous relèverez des expressions tirées des documents et les expliquerez.

Questions :

1/ Dans son discours, Himmler a bien ciblé le problème de la descendance : … » laisser grandir leurs enfants qui se vengeraient sur nos enfants et nos descendants ». Les enfants des « sous races » mettraient en danger la future descendance aryenne. Le but des nazis est de supprimer tous les « éléments nuisibles », les faire disparaître de la surface de la Terre. Les enfants n’échappent pas à cette « solution finale ».
2/ les nazis ont une idée précise de « l’utilisation » des enfants dans les camps. En effet les plus robustes sont exploités pour le travail, mais beaucoup servent de cobayes pour les expériences médicales. Comme nous le témoigne madame Tillion, des petites filles, notamment tziganes, ont été les martyrs de la stérilisation au moyen de rayons X. D’autres, comme le dénonce le docteur Michel Boucher, subissaient de nombreuses injections afin que les médecins S.S. progressent dans leurs recherches scientifiques. Seule la mort pouvait délivrer ces enfants torturés.
3/ Lorsque les convois d’enfants sont arrivés dans les camps, rien n’avait été prévu pour les accueillir. Comme nous le témoigne Andrée Duruisseau, ancienne jeune déportée, les enfants subissaient le même traitement que les adultes. Malgré leur fragilité, ils travaillent autant que les grandes personnes : « Je suis désignée au déblaiement… » Les conditions de vie (comme l’hygiène et la nourriture) sont les mêmes que les majeurs.
4/ Comme nous le précise le document 5, la Déclaration des droits de l’enfant existe depuis la fin de la Première Guerre Mondiale. Or, durant la Seconde Guerre Mondiale, alors que le système concentrationnaire s’intensifie, ces droits ont été bafoués. Dès 1939, l’Allemagne nazie applique ses conceptions racistes en ouvrant de nombreux camps de concentration et d’extermination qui font des millions de victimes. Parmi elles, de nombreux enfants qui avaient été contraints de suivre leurs parents. Lors de la libération des camps en 1945, quel traumatisme pour ces victimes innocentes mais aussi pour l’humanité ! Ce choc violent a permis de raffermir ces droits bafoués. Les enfants tout comme les adultes ont droit au respect et à l’amour. Ce bouleversement a entraîné un grand pas, un grand progrès dans le domaine de la protection de l’enfance.
Aujourd’hui, nous, nouvelle génération, bénéficions d’une protection assurée par l’Etat, mais nous avons « un devoir de mémoire » envers tous ces jeunes martyrs qui ont souffert pour notre liberté.

En cette année 2009, nous célébrons le 50ème anniversaire de la Déclaration des Droits de l’Enfant et le 20ème anniversaire de la Convention des Droits de l’Enfant. Cette année internationale n’est-elle pas une occasion de réfléchir ? L’histoire nous permet en effet de nous interroger sur les actes de barbaries commis, en plein 20ème siècle, par des gens normaux que les évènements de l’époque ont transformé en bourreaux. Comment et pourquoi, les enfants, par essence innocents, ont pu être les victimes directes de ce conflit ? Quel sort leur a été réservé dans ce système de mort ? Les séquelles n’en sont même pas mesurables…
En 1939, l’Allemagne nazie applique ses conceptions racistes et ouvre de nombreux camps de concentration et d’extermination qui font des millions de victimes. Parmi elles, beaucoup d’enfants qui avaient été contraints de suivre leurs parents.
Hitler est obsédé par la pureté de la race. Les aryens sont les vrais Allemands et les autres sont les « sous hommes » (juifs, tziganes, slaves…). Propagande et mesures législatives (comme les lois de Nuremberg en 1935), utilisent la radio, la presse, le cinéma et même les manuels scolaires afin d’ancrer l’idée qu’il faut éliminer ces populations pour préserver le sang allemand et imposer une image humiliante et déshumanisée des « sous races ». Pourquoi de telles mesures s’appliquèrent-elles à des êtres sans défense ?
Lors des nombreuses rafles, des familles, notamment juives, sont arrêtées puis envoyées dans des camps vers l’Est pour le travail, les expérimentations médicales et, au final, presque toujours l’extermination. Lors des arrestations, les enfants suivent leurs parents en déportation. Mais leur extermination est due à une logique plus profonde, bien illustrée par Himmler le 3 octobre 1943 : « Je ne me crois pas autorisé à exterminer des hommes si je laisse grandir leurs fils et leurs petits fils qui se vengeront sur notre descendance. La pénible décision est prise : ce peuple doit disparaître de la surface de la Terre ». Aucun des pays occupés n’échappent à cette « solution finale ».
Par souci de discrétion, les arrestations se font le plus souvent la nuit ou au petit matin. Des familles sont entassées dans des autobus pour être dirigées vers des camps de transit. On imagine aisément dans quelles conditions effroyables se déroulent ces arrestations et ces transports.  » Dans la nuit du 4 au 5, les policiers français nous ont surpris très brutalement dans notre sommeil. La peur m’a saisi […]. Vers sept ou huit heures du matin, des autobus de la Compagnie du Métropolitain sont venus nous chercher. Nous nous sommes retrouvés près de cent personnes pressées les unes contre les autres et respirant difficilement ». (Bigielman Albert – « J’ai eu douze ans à Bergen-Belsen). Les victimes sont isolées dans des ghettos à l’Est (comme ceux de Cracovie et de Lublin) ou dans des camps d’internement à l’Ouest (comme les camps de Poitiers et de Rouillé dans la Vienne). Cependant, beaucoup réussissent à survivre grâce à l’action des familles charitables (les Justes) qui les cachent. Ainsi, en France, sur 72000 enfants d’origine juive, 6000 échappent aux rafles. Mais nombreux sont les innocents qui meurent dans l’enfermement des ghettos et des camps. A l’âge où ils ne devraient connaître que les chagrins d’enfance, ces enfants jetés dans la guerre, souvent marqués de l’étoile jaune, apprennent à ne pas exister.
Quelques jours ou quelques semaines plus tard, les victimes sont dirigées vers des gares pour être transportées vers des camps de concentration ou d’extermination ; Concernant ces voyages déroulés dans des conditions épouvantables, une ancienne déportée, madame Renée Moreau, raconte : « Là où logeaient huit chevaux, nous étions une centaine, sans confort aucun. Durant les trois ou quatre jours du transport, nous étions privés d’hygiène et de nourriture. Un vulgaire tonneau servait de tinette qui au bout d’une journée débordait déjà et qui rendait l’atmosphère irrespirable ».
Arrivés en gare de l’Est, les détenus sont répartis sur deux files : l’une constituée des femmes, de leurs filles et de leurs bébés, l’autre constituée des hommes et de leurs fils. « Horrible spectacle : un enfant est arraché aux bras de sa mère qui implore en vain les S.S. de le lui rendre […] Un petit court autour de sa sœur, il est alors fusillé »(Conan « Sans oublier les enfants »). Les deux rangées formées, elles se séparent dans différentes directions, vers différents camps.
Arrivés au camp, les déportés sont répartis dans différents baraquements. Rien n’est prévu pour les enfants, ils subissent le même traitement que les adultes. Pour tout confort, une vulgaire paillasse posée sur des châlits en bois. Leur unique nourriture, une maigre soupe de rutabagas. « Nous pouvions être nourris qu’une fois par semaine si les S.S. nous oubliaient » (Klarsfeld – « Le livre des enfants »). Le repas est parfois très court, deux heures de sommeil à peine. Tous sont rassemblés devant les baraques pour l’appel. Les prisonniers doivent se tenir au garde-à-vous, parfaitement immobiles pendant des heures, quelque soit le temps. Les petits, âgés de deux ans à peine, ont du mal à se contenir et sont fusillés devant les autres. Malgré leur fragilité, les jeunes travaillent autant que les adultes. Beaucoup de personnes écrasent les plus faibles, les injurient et les frappent pour prendre leur place et leur ration. Nombreux sont ceux qui deviennent fous face aux atrocités subies. Afin d’éviter de sombrer dans la folie, ces jeunes particulièrement courageux tentent de se satisfaire de chaque petite joie. Cependant, et contre toute attente, la loi du plus fort fait souvent place à la solidarité. Des adultes prennent sous leurs ailes des enfants plus fragiles. Les nazis, quant à eux, ont une idée bien précise de  » l’utilisation » des enfants, et en particulier des jumeaux. Ces jeunes martyrs sont utilisés comme cobayes pour des expérimentations médicales révoltantes. Une de ces expériences consiste à stériliser au moyen de rayons X. En effet, au camp d’Auschwitz, de nombreuses jeunes filles âgées de 16 à 18 ans subissent cette torture. Elles reviennent du block dans un état effrayant, couvertes de brûlures, vomissant sans cesse et se plaignant de douleurs abdominales. Toutes mourront dans d’atroces souffrances et de mort lente.
Lors des nombreuses rafles, beaucoup de femmes enceintes ont été arrêtées. L’accouchement est le cauchemar tant redouté par ces futures mères. Elles doivent travailler jusqu’au jour de l’accouchement. Là elles sont conduites dans une baraque transformée en infirmerie. Un médecin S.S., secondé par des infirmières détenues et quelquefois par un médecin prisonnier, assiste à la douloureuse épreuve. Mais jamais ces mères ne toucheront leurs bébés : ils sont noyés ou étranglés sous leurs yeux pour être ensuite brûlés. Les mères les plus solides sont envoyées au travail. Les autres sont gazées ;  » Il y eut un jour, un ordre arrivé de Berlin disant que les juives pouvaient garder leurs enfants […] puis il y eut un contre ordre et on a envoyé les mères et les bébés à la chambre à gaz » (Rosenberg – Les enfants juifs et tziganes dans les camps d’internement français et dans les camps de concentration du Reich).

Après la libération des camps en 1945, la réadaptation est difficile. Après le voyage du retour dans des trains luxueux de seconde classe, ces jeunes martyrisés ont du mal à s’intégrer dans le monde actuel qui a beaucoup évolué.
Or, malgré les mesures prises pour protéger les enfants, les hommes ne réussissent pas à stopper les violences dans le monde d’aujourd’hui. L’actualité montre encore des actes de barbarie et de violences contre les jeunes. Combien de victimes faudra-t-il encore pour que l’espèce humaine prenne conscience de ses actes et dise d’un même élan : « Plus jamais ça ».

Alice PIELBERG
Collège privé « Union Chrétienne » – Poitiers