Le milieu médical en Vienne sud

Portraits de membres du milieu médical en Vienne sud

LE CORPS MEDICAL DANS LA RESISTANCE EN VIENNE SUD

Pendant cette période de l’occupation et notamment pendant les mois qui ont précédé la Libération, les malades parmi les Réfractaires, les Juifs et les clandestins ainsi que les blessés ont été soignés par des médecins courageux et des bonnes volontés, souvent des conditions difficiles : locaux inadaptés, manque de matériel et souvent de médicaments et toujours en prenant des risques de représailles très importants.

Dans la Vienne-Sud, la clinique du Docteur GUILLARD à Civray est un exemple de dévouement à la cause et c’est aussi grâce aux soins donnés aux blessés allemands dans cette clinique , que lors de la bataille de Civray le 28 Août 1944, la ville échappe aux représailles. Sur une plaque apposée à l’entrée du bâtiment, il est inscrit : « C’est dans cette clinique où étaient hospitalisés des soldats allemands, que le Dr Guillard chirurgien des maquis Vienne-Sud, Madame Guillard, son assistante, Melle Banry infirmière chef, en présence de Maurice Bailly Maire de Civray, obtient du Commandant allemand, la libération immédiate de Civray en échange des soins donnés aux blessés, sauvant ainsi la ville d’une destruction certaine. »
Des extraits de divers livres sur la Résistance dans le secteur de la Vienne-Sud donnent des exemples de ces actions :

1- Maquis D2 Bayard de Jean TARRADE aux pages 184, 185, 186 sur les blessés de guerre allemands : Après avoir obtenu la libération des quatre Civraisiens de la Caisse d’Epargne, le Maire gagne l’annexe de la clinique chez Mme Toussaint, « accompagné de l’officier allemand et encadré d’une trentaine de soldats boches. Aux questions de l’officier, les deux grands blessés qui s’y trouvent, déclarent être bien traités et vouloir restés. Ils se rendent ensuite à la clinique principale où se trouve le troisième blessé allemand. Le Docteur Guillard reçoit le Maire et l’officier allemand qui se présentent escortés d’un interprète et de quatre soldats armés. » Il les conduit dans la chambre où le blessé allemand se trouve placé à côté d’un maquisard, risquant, ainsi, le tout pour le tout.[…] « L’officier allemand, dans un français impeccable, demande au docteur si ce blessé est content des oins reçus. « Interrogez-le vous-même » lui répond le docteur Guillard. » L’interrogatoire a du se conclure correctement car l’officier lui propose de s’occuper de deux autres blessés. « Mme Guillard déclarant que s’il y a des blessés au ventre, l’intervention chirurgicale doit être immédiate, l’officier allemand qui en a un dans ce cas emmène le docteur et la Maire les chercher près de l’ancien hôpital. Au passage il libère les huit jeunes gens qui étaient alignés devant la poste. Le docteur prend en charge les deux blessés, mais le troisième refuse tout net de les suivre, déclarant : « Pas rester chez les terroristes ! ». »

2- Maquis D2 Bayard de Jean TARRADE aux pages 206 et 207 sur les activités du corps médical : « Le corps médical de Civray a contribué à l’œuvre de la Libération en aidant les Résistants et en soignant les blessés du Maquis. Trois noms sont à citer pour notre région : Le docteur ROGEON d’Usson, les docteurs Jean MARTIN et André GUILLARD de Civray. » Ces deux derniers ont soigné une cinquantaine de réfractaires et de Juifs avant la formation du Maquis Bayard.[…] L’affaire de Pleuville le 3 Août 1944 a été un moment pénible pour le corps médical. Le docteur Guillard est alerté par le Capitaine Hivert de D1 pour venir soigné un de ses hommes blessés. A son retour, le docteur est arrêté par « des Boches ».[…] « De Charroux, le docteur fait alerter D1 de la menace d’encerclement qui pèse sur lui. »
« Au moment de l’affaire de Champagné-Saint-Hilaire les voitures de D3 se succèdent tout l’après-midi amenant à la clinique, en pleine ville occupée par les Boches, leurs blessés de la bataille. »

« Le corps médical de Civray, n’hésitant pas à courir les plus grands dangers pour donner aux blessés du Maquis les soins urgents nécessaires, a bien mérité de la Résistance. »

3- Maquisards et Soldats de l’Amicale de D3 aux pages 83 et 84 sur le corps médical : Cet extrait est consacré au dévouement des médécins. »Tout le temps que D.3 a demeuré au Bois des Chevreaux, le docteur ROGEON, d’Usson, est venu rendre visite au Maquis. Nul ne paut se douter des mille difficultés que celui-ci a été obligé de vaincre pour circuler au milieu d’un pays où se trouvent , sur toutes les routes, des Allemands à la recherche des « terroristes » et aux aguets de ceux qui pouvaient les aider. Cependant, ROGEON est venu tous les jours faire sa visite en apportant les médicaments nécessaires qu’il a prescrits la veille, servant en même temps d’agent de liaison entre les maquis,car il ne se borne pas à venir au Bois des Chevreaux.[…] Il a constitué un hôpital, d’abord au château de Moiseau, avec l’hospitalité du Comte des Dorides, puis à la Chatre, commune de Payroux, et le concours de la comtesse d’Emery et d’infirmières bénévoles, dont Mesdemoiselles MULLER, institutrice de Jousse, GUYOT, Marcelle DESROCHES, Janine DRIFFAUT, Madame COSTE.
Le 13 Août, jour de Champagne, rien n’est prévu pour accueillir beaucoup de blessés. Monsieur et Madame LHUGUENOT ont donné leur chambre pour le Lieutenant FRICAUD et le volontaire ROBERT. Le lendemain, à 8 heures, celui-ci expirait.[…]
Mademoiselle LHUGUENOT et Madame COSTE sont parties aussitôt après à bicyclette pour Sommières, chercher pansements, bandes,dakin et médicaments qui manquaient. Elles ont eu l’immense chance de ne pas être arrêtées à leur retour par les Allemands qui occupaient le village.
Les blessés dont l’état nécessite une intervention chirurgicale ou une hospitalisation sont audacieusement menés à Civray à la Clinique du docteur GUILLARD, où celui-ci, aidé par son beau-frère, le chirurgien-dentiste, opère et soigne ces blessés victimes. Madame GUILLARD et un personnel soignant admirable ont participé à ces sauvrtages.
On peut ainsi mesurer le dévouement de ces médecins, les riques qu’ils ont bravés , n’ayant même pas l’hospitalité des bois. »

4- Combats sans gloire du Commandant NOEL aux pages 110 à 113 sur l’Hôpital de Fortune : « Trois des nôtres gisent sur des paillasses à même le sol. Ils sont pourtant soignés admirablement. C’est la soeur du Pasteur de Rom, Melle X qui se dévoue sans compter. Présente jour et nuit, elle soigne ces trois hommes avec une conscience et une bonté qui émeuvent.[…] Nous avons entouré cet hôpital de fortune de toutes les précautions possibles.[…] L’aspect de cette clinique improvisée est lamentable. Malgré tous ses efforts, notre héroïque infirmière n’a pu transformer en palace la bicoque que voilà : une pièce est réservée aux malades, l’autre à l’infirmerie.[…] C’est le docteur GALLUP, de Couhé, qui soigne nos blessés. Il le fait modestement avec un courage tranquille. Il n’ignore pas lui aussi quel sera son sort s’il vient à être découvert ; pas une seule fois, il n’y fait allusion. Il refuse énergiquement les honoraires que nous croyons devoir lui offrir. Il fait ce qu’il croit être son devoir. Les mots sont impuissants à témoigner notre reconnaisssance à ceux dont le dévouement et le courage ont tant contribué. »

5- Carnet de route de la Résistance en pays mellois de Raymond TABOURDEAU à la page 93 sur l’infirmerie au château du Breuil de Londigny :  » Monsieur et Madame de CHAMMERLAT ont mis à notre disposition une infirmerie installée dans le château du Breuil. Tradition du châtelain qui protège le bourg. Heureusement cette infirmerie » ne nous a pratiquement pas servi, « ce qui n’enlève rien ni aux risques pris ni à la beauté du geste. Mais cette infirmerie a servi aux maquisards blessés de la région de Civray, opérés par le docteur GUILLARD, chirurgien à Civray. Ils y ont été transportés grâce à la complicité de Monsieur CHASTENET, directeur de la laiterie de Saint-Saviol, qui utilise à ses fins les voitures de la laiterie, souvent pilotées par Monsieur HIVER, laitier. Le docteur GUILLARD s’y rendait à vélo pour faire ses visites, parfois assurées par le docteur TABOURDEAU.

Texte de VRID et Jacques Rigaud

Sources:

– livre maquis D2 Tarrade

– associations locales de la résistance