M. Jean Gautier

Cadre supérieur de banque,
JEAN GAUTIER fut fondé de pouvoir, puis administrateur au siège à la Banque Nationale
de Paris, après avoir occupé des fonctions de direction en France et Outre-Mer.

Jean Gautier

Cet homme dont les racines familiales sont à Lussac-les-Châteaux, revient avec
fidélité tous les ans, depuis un demi siècle pour l’anniversaire de la Libération.
Il était là, ce 5 septembre 1994, comme il l’était il y a 50 ans, jeune aspirant,
défilant avec le groupe « Mazier » qu’il avait rejoint après s’être évadé de la
maison de force de Fontevrault où il purgeait la peine de travaux forcés à perpétuité
à laquelle l’avait condamné un tribunal allemand. Jean Gautier fit ses études
au lycée Henri IV de Poitiers. En 1941, il avait 19 ans, il entra dans le Réseau
Louis Renard. Réfractaire au Service du Travail Obligatoire il se trouva plongé
dans l’action clandestine et forma « le groupe Tullius », dont la spécialité dans
un premier temps, était de s’approprier les armes dont les officiers et soldats
allemands étaient obligés de se débarrasser, quand ils fréquentaient les cafés
ou les cabines d’établissements de bains. En 1942 au nez des deux sentinelles
qui se trouvaient de garde devant l’hôtel de ville, il coupa la drisse du mât
où flottait le drapeau nazi, s’empara de celui-ci et l’emporta. Il participa le
13 mai 1943 avec les frères Delaunay, Rieckert et Massias à l’élimination d’un
collaborateur particulièrement dangereux qui détenait des documents très compromettants
pour la Résistance. Il avait été décidé, que le docteur Michel Guérin serait enlevé,
que ses clefs seraient prises pour qu’on aille faire une perquisition chez lui.
Mais quand ils l’attaquèrent le médecin sortit un pistolet. N’ayant pas d’autre
choix, les jeunes gens durent l’abattre puis s’évanouirent dans la nature. Ils
procédèrent ensuite à des sabotages, notamment celui du 11 juillet 1943 où un
train de matériel allemand dérailla, obstruant la ligne pendant deux jours. La
locomotive ainsi que 34 wagons et leur contenu avaient été mis hors d’usage. Le
5 août 1943, le S.A.P. section des Affaires politiques françaises arrêta les 5
jeunes gens qui durent subir les pires sévices et la torture. Les deux frères
Delaunay, Rieckert, Massias furent condamnés à mort et fusillés au Mont Valérien.
Condamné aux travaux forcés à perpétuité, Jean Gautier fut incarcéré à Fresnes,
puis à Fontevrault, d’où il s’évada le 13 août 1944, rejoignant à travers les
troupes allemandes en débâcle Lussac-les-Châteaux où il retrouva le groupe « Mazier »,
puis l’état major du commandant Courtois (Gonfaron). Jean Gautier est titulaire
de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre, de la médaille de la Résistance
qui lui fut décernée en 1945, de la médaille des Evadés et de la Croix du combattant
volontaire de la Résistance.