La France Libre et les Français Libres : éléments de définition

Cet article propose une définition et une mise en contexte du concept de « France libre » et de « Français libres »

C’est le 22 juin 1940 que le Général de Gaulle, dans une allocution radiodiffusée par la BBC, terminait par ces mots :

 » Vive la France libre dans l’honneur et l’indépendance ». Le 29 juin, répondant à une question de René Cassin, compagnon de la première heure, le Général de Gaulle répondait en tant que sous secrétaire d’Etat à la guerre de la III° République :  » Nous sommes la France ».

Le 29 juin, le gouvernement britannique reconnaissait le général de Gaulle comme chef de tous les Français libres, où qu’ils se trouvent, et de tous ceux qui se rallient à lui pour la défense de la cause alliée. Le 7 Août 1940, il signe avec le gouvernement britannique les accords qui constituent une reconnaissance diplomatique.

A partir de l’Appel du 18 juin, naissait ou renaissait une Nation. L’expression  » France libre » ou  » Français libres » devenait, selon le vice amiral d’escadre-Emile Chaline-une sorte de nationalité pour tous ceux, civils et militaires, ayant fait acte d’allégeance au général de Gaulle. Très rapidement, « la France libre » eut pratiquement son gouvernement, son administration, sa représentation diplomatique, ses forces armées, sa flotte, sa monnaie et son institut d’émissions, ses timbres poste, en un mot, tous les attributs de la souveraineté. A l’étranger, les intéressés étaient connus comme Français libres, « les Free French ».

En juillet 1942, pour prendre acte de l’adhésion des groupements de l’intérieur qui participaient activement à la Résistance et pour symboliser l’union de la France libre et de la France captive, le nom de  » France Combattante » fut adopté à l’échelon le plus élevé.

Plusieurs textes ont défini avec précision la qualité de français libres, dont l’instruction ministérielle du 29 juillet 1953, reconnaissant les services rendus à la France Libre et dans les Forces Françaises Libres ( F.F.L)

Sont Français libres :
– ceux qui ont appartenu aux Forces armées de la France libre ou à sa marine marchande entre le 18 juin 1940 et le 31 juillet 1943. C’est le 1 août 1943, qu’eut lieu la fusion des F.F.L et des forces du Général Giraud.
– ceux qui ont été blessés, ont contracté une infirmité, les ayants cause de ceux qui ont trouvé la mort pendant la même période dans une des circonstances suivantes :  en essayant de rejoindre les F.F.L – après avoir rejoint les F.F.L aux fins d’engagement mais sans l’avoir régularisé – dans l’accomplissement d’une mission qui leur avait été confiée par une autorité compétente de la france combattante.  Un seul ayant cause du Français libre mort entre le 18 juin 1940 et le 1 août 1943 peut recevoir la carte d’identité de membre des FFL, qui donne droit à la médaille des Services Volontaires de la France Libre; les agents P2 ou P1 homologués ayant appartenu avant le 1 août 1943 à l’un des réseaux de renseignement ou d’action liés au Comité National et ayant qualification de français libre, les évadés avant le 8 novembre 1942 de france occupée ou d’un territoire palcé sous le contrôle du gouvernement de fait, qui ont rejoint effectivement une unité FFL, même après le 31 juillet 1943 pour des cas de force majeure, tels que l’incarcération consécutive à leur évasion. »

Après le 8 novembre 1942, date du débarquement des Alliés en Afrique du nord, les FFL n’étaient plus alors les seules forces françaises engagées dans la lutte. Cela explique la limite fixée, car l’intention de rallier les FFL doit clairement ressortir. Toutefois,le cas des évadés qui auraient été reconnus Français Libres avant la parution de l’instruction du 29 juillet 1953, sans tenir compte de cette date limite, ne saurait être remis en cause.

Dans le cas d’évasion de France pour l’Espagne, l’engagement prend effet de la date de franchissement de la frontière espagnole:  « ceux qui ont servi volontairement et effectivement la France libre avant le 3 juin 1943 sur les territoires soumis à l’autorité du Comité National des Français libres de Londres ou dans les pays étrangers. Les civils constituent cette dernière catégorie. »

C’est le 3 juin 1943 que fut constitué le Comité Français de Libération Nationale ( C.F.L.N). Il n’était donc plus possible pour les civils de faire acte d’allégeance à la France libre. Seules les Forces Françaises Libres conservèrent encore, jusqu’au 1 Août 1943 leur administration distincte.

Les Français libres ont tous droit au port de la Médaille de services volontaires de la france libre ( SVFL). Leur qualité est reconnue officiellement par les pouvoirs publics.

Plusieurs territoires ont rallié la France libre. Mais le fait de résider dans ces territoires n’accorde pas ipso facto la qualité de français libre. Il faut avoir manifesté l’intention de rallier ou avoir servi volontairement la France libre.

Les français libres ne sont pas uniquement des militaires ; les civils fonctionnaires titulaires ou temporaires français à l’étranger, qui ont volontairement servi la france libre sont également français libres. Un nombre appréciable d’étrangers ont servi la france libre ou dans les F.F.L. Ces services leur ont valu les mêmes distinctions qu’aux Français libres, en particulier le droit au port de la médaille SVFL.

Après le 1 Août 1943, l’expression « Français libre », qui était une nationalité de fait, est devenue une qualité honorifique. On reste Français libre, et non pas comme ancien Français libre. La croix de Lorraine est un signe indissoluble de la qualité de Français libre. la médaille des SVFL a la forme d’une véritable croix de Lorraine.

Texte rédigé par Roland Barrat